BEI : deux ans après le premier rapport rédigé par David Cormand, où en est-on ?

Chaque année, le Parlement européen produit un rapport sur les activités de la plus importante banque publique de l’Union européenne : la Banque européenne d’investissement (BEI). Deux ans après son premier rapport sur le sujet, David Cormand est à nouveau en charge de rédiger ce texte au nom de la commission des Budgets.

Ce 17 mars 2022, comme le veut la procédure, David Cormand a présenté le projet de rapport devant la commission des Budgets, de manière à échanger une première fois avec les autres groupes politiques.

Pour les écologistes, ce rapport annuel est l’occasion de mettre en avant les priorités que doit poursuivre la BEI, et c’est crucial, puisqu’elle est le bras armé de l’Union : en 2021, la banque a débloqué des financements à hauteur de 95 milliards d’euros !

Aussi, la priorité immédiate est bien évidemment le soutien financier à apporter à l’Ukraine. La BEI a fait preuve de réactivité dans ce contexte en prévoyant 668 millions d’euros, pour l’aide humanitaire notamment, afin de soutenir les Ukrainiennes et Ukrainiens.

Bien que l’actualité ait quelque peu fait passer ce sujet en second plan, la pandémie de Covid-19 continue et, là encore, tous les instruments utilisés par la BEI pour les besoins de financements, notamment pour développer les vaccins, sont à souligner.

Toutefois, la guerre en Ukraine et la pandémie nous rappellent toutes deux une chose : l’urgence d’enclencher la transition écologique. Que ce soit pour préserver la biodiversité, ou pour ne plus dépendre des énergies fossiles, la BEI a tout son rôle à jouer pour, enfin, être réellement la Banque du Climat de l’Union. La « Climate bank roadmap » publiée en 2021 est une première étape, mais seule, elle n’est pas suffisante.

 

Energies, transports, biodiversité : des améliorations nécessaires

David Cormand a suggéré plusieurs pistes pour concrétiser ces engagements. Sur les énergies tout d’abord, le contexte actuel ne doit surtout pas être un prétexte à réinvestir des milliards d’argent public dans des infrastructures, notamment gazières, vouées à être inutiles après 2030, tant elles iraient à l’encontre des objectifs de neutralité climatique. La BEI s’y est engagée, et il est crucial de maintenir ce niveau d’ambitions : « C’est la fin du gaz ! », comme l’a soutenu le président de la Banque (Euractiv).

Ensuite, sur les transports, la nouvelle politique de la BEI, qui aurait déjà dû être communiquée, doit résolument stopper tout financement aux aéroports et aux autoroutes. La priorité est bien de développer les transports zéro émission, et de les rendre accessibles facilement à toutes et tous, surtout aux personnes les plus précaires.

La Banque doit enfin s’engager pour protéger la biodiversité, et pour que chacun des projets qu’elle finance aille en ce sens : aussi, il est plus que temps de mettre fin à la logique de compensation carbone, un instrument tout à fait inadapté à l’urgence de l’extinction de masse, tant il repose sur une logique marchande de la nature.

 

Pour une institution responsable et transparente

La BEI étant présente en-dehors de l’UE, et ces projets représentant 10% du total de ses opérations, il est indispensable de prêter une attention toute particulière aux impacts des projets sur les communautés locales et sur l’environnement. David Cormand regrette que des efforts restent à faire sur les politiques de la banque en matière de responsabilité environnementale et sociale hors de l’UE, en particulier pour assurer toute la transparence des opérations qui transitent par des intermédiaires financiers.

En effet, le sujet de la transparence est crucial pour les écologistes ; la BEI, en tant qu’institution publique européenne, se doit d’adopter les plus hauts standards en ce sens. Il est nécessaire que les données des réunions des organes de direction soient rendues publiques, et que les projets soumis à approbation soient également accessibles en amont de leur validation : l’intérêt général doit primer sur le secret des affaires.

David Cormand attirera également l’attention de la Banque sur de nombreux autres sujets lors de la phase d’amendement du rapport, et aura ensuite à en débattre avec les autres groupes politiques du Parlement européen.

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