Matières premières critiques : l’innovation et la souveraineté européenne passent par la sobriété

STRASBOURG, le 16 mars 2023 — La Commission européenne doit présenter aujourd’hui le Critical Raw Materials Act, une initiative qui veut limiter la dépendance de l’Union envers les pays étrangers. David Cormand, député européen (Les Verts/ALE), appelle la Commission à réviser sa copie pour mettre en place une logique de sobriété.

Ursula von der Leyen, dans son dernier Discours sur l’État de l’Union, avait annoncé un projet de règlement sur les matières premières critiques. L’objectif : limiter la dépendance de notre continent aux puissances étrangères. Le lithium, le cobalt ou les terres rares sont des minerais aujourd’hui extraits et transformés dans des États qui en détiennent le quasi-monopole. Or, ils sont nécessaires à la « transition verte » dont a désespérément besoin notre planète.

Le projet de règlement présenté aujourd’hui est donc construit autour d’un certain nombre de seuils : « 10 % de la consommation de matières premières stratégiques de l’Union » doit être extraite dans l’UE, au moins « 40 % de la consommation annuelle de l’Union pour chaque matière première stratégique » doit être raffinée dans l’UE, et « 15 % de la consommation annuelle de l’Union pour chaque matière première stratégique doit provenir du recyclage ».

 

Mais le remède proposé n’est pas à la hauteur, réagit David Cormand, député européen Verts/ALE, membre des commissions des Budgets et du Marché intérieur :

 « Ce projet de règlement est paradoxal : la Commission européenne associe le besoin de matières premières critiques à la réalisation de la transition « verte » mais, dans le même temps, elle ne remet pas en question les logiques et les dynamiques de consommation actuelle ou projetée.

Or, la transformation verte de notre modèle implique tout l’inverse : établir un scénario de production et de consommation qui repose sur nos besoins réels et essentiels, et non sur la base d’une trajectoire consumériste, croissantiste et expansionniste.

Nous devons rejeter la fable d’un maintien de notre « modèle de consummation » actuel par la simple substitution de notre dépendance aux fossiles par une dépendance nouvelle aux matières premières critiques.

D’une part, en sortant d'une « économie du gaspillage » : la low tech, l'écoconception, la réparabilité, la réutilisation et le recyclage intégral des matières premières critiques doivent constituer notre feuille de route pour une économie européenne compétitive et innovante, en adéquation avec les ressources dont nous disposons.

D’autre part, en créant un indice des matières premières. La production de données sur les besoins réels de l’Union européenne est une condition pour garantir des choix démocratiques éclairés, en comprenant où les matières premières (stratégiques) sont utilisées, et dans quelle mesure leur utilisation a été atténuée, répond aux besoins de la société et contribue à une plus grande justice sociale et climatique.

La Commission doit revoir son logiciel. Ce ne sont pas les prétendues lourdeurs des législations qui protègent l’environnement le problème

La question de l’ouverture de mines sur le sol européen doit être débattue en même temps que notre modèle de consommation et les besoins de matières critiques qu’il implique. Dans notre monde fini, c’est la sobriété des usages qui est la première des conditions de notre indépendance, de notre autonomie et de notre sécurité. »

Contact : noe.hautbois@europarl.europa.eu


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