Alliance brune entre l’extrême droite et la droite en faveur des pratiques déloyales des multinationales
BRUXELLES, le 13 novembre 2025 — Aujourd’hui, le Parlement européen a adopté (382 pour, 249 contre, 13 abstentions) le “paquet omnibus” visant à simplifier les obligations de transparence sociale et environnementale des multinationales.
Derrière cette expression de “simplification”, c’est en réalité un démantèlement total des règles européennes qui visaient à responsabiliser les grandes entreprises pour les empêcher d’avoir recours au dumping social et environnemental, au détriment de l’économie et des emplois européens.
Sous la houlette du Parti populaire européen (PPE), la droite européenne et l’extrême droite — ECR, Patriots for Europe (PFE) et Europe of Sovereign Nations (ESN) — se sont alliées pour vider de sa substance la législation sur le reporting de durabilité (CSRD) et la diligence raisonnable des entreprises (CS3D).
Les sections essentielles de ces textes, comme les plans de transition climatique ou la responsabilité civile des entreprises, ont purement et simplement été supprimées.
David Cormand, député européen écologiste, membre de la commission des affaires juridiques, dénonce :
“Ce vote n’est pas une simplification, c’est une capitulation. En détruisant les règles de transparence, le PPE, avec l’assistance de l’extrême droite, affaiblit nos entreprises européennes et notre marché intérieur, car il déroule le tapis rouge à la concurrence déloyale que nous infligent les grandes multinationales.”
C’est bien la Commission de Madame Von der Leyen qui a ouvert cette possibilité de démantèlement de nos règles de protection économique européenne en avril, avec sa proposition d’omnibus.
Son groupe politique, le PPE, a reçu le concours de l’extrême droite pour réduire drastiquement le nombre d’entreprises concernées, affaiblissant ainsi la capacité de l’Union à exiger des comptes en matière environnementale, sociale et de gouvernance.
Simplification ? Non : sabotage économique
Derrière les slogans, ce vote crée un désordre réglementaire et une distorsion de concurrence entre entreprises européennes. Les sociétés qui ont déjà investi pour se conformer à la directive CSRD — systèmes de reporting, traçabilité, gouvernance durable — se retrouvent pénalisées face à celles qui n’ont rien fait. Plutôt que de renforcer la cohérence du marché intérieur, la droite récompense le retard et la complaisance. Ce recul envoie aussi un signal désastreux aux investisseurs. La finance européenne et internationale réclame des données fiables et comparables sur les performances ESG. En supprimant ces obligations, l’Union perd en attractivité et en crédibilité : les capitaux responsables iront ailleurs. Les entreprises européennes, déjà confrontées à la concurrence américaine et asiatique, se retrouvent avec un cadre instable et illisible, contraire à toute logique industrielle.
Enfin, en affaiblissant ses propres standards, l’Europe renonce à son pouvoir normatif, ce “soft power” qui faisait sa force : celui de fixer les règles du jeu à l’échelle mondiale.
Un tournant politique inquiétant
Ce vote marque un tournant : la droite européenne et les forces d’extrême droite anti-européennes font désormais cause commune pour appliquer le programme de dérégulation voulu par la Commission Von der Leyen. Il acte par conséquent la mort politique de la coalition dite “pro-européenne” qui avait permis l’élection de Von der Leyen.
Pourtant, toutes les études montrent qu’une grande majorité d’Européennes et d’Européens sont favorables à la régulation des multinationales.
Les trilogues avec le Conseil débuteront prochainement. Les écologistes s’y battront pour rétablir un cadre fort, prévisible et ambitieux, seul garant d’une économie européenne durable et crédible.
Le communiqué en version PDF : 2025-11-13 - CP - David Cormand - Alliance brune entre l’extr Framework