Adoption du Paquet Climat : ni excès d’honneur, ni indignité

Il y a deux semaines, je vous racontais comment le Parlement européen avait vécu un épisode comme il n’en avait - quasiment - jamais vécu, lors duquel la coalition socialistes-libéraux-conservateurs a explosé. Un sursaut des socialistes a permis de rejeter la version finale du texte du système d’échange de quotas carbone, texte qui avait été vidé de sa substance malgré un bon accord trouvé au sein de la commission Environnement (ENVI). Pour celles et ceux qui l’ont loupé, je vous explique tout ici.

 

 

L’élément principal ayant mis le feu aux poudres était le recul de la date de la suppression totale des quotas gratuits pour les émissions carbone : en gros, des permis à polluer gratuits, pour les entreprises les plus polluantes. Leur suppression devait advenir en 2030 selon l’accord trouvé en commission ENVI, mais la droite et les libéraux ont tenu à faire reculer cette date à... 2034 ! Ceci était tout bonnement inacceptable pour nous, et pour la Gauche et les socialistes. Nous avons donc voté contre le texte pour son manque d’ambition climatique. De leur côté, les groupes d’extrême droite anti-européens après avoir aidé le PPE et LREM à l’affaiblir ont refusé de le soutenir, dans leur logique d’obstruction habituel.

 

 

Les négociateurs des différents groupes ont donc eu deux semaines pour repartir à zéro et trouver de nouveaux compromis. Le groupe des Verts a été délibérément mis de côté dans ces discussions, sur demande de la droite, et sans réaction aucune des libéraux (présidés, je le rappelle, par les Macronistes). Le résultat final est donc loin de répondre à l’urgence climatique, mais grâce au travail acharné de nos négociateurs Verts, nous avons tout de même réussi à travailler avec les socialistes, afin de parvenir à un texte final qui soit acceptable pour nous.

 

La fin des quotas gratuits est désormais fixée à 2032, ce qui laisse tout de même 10 ans de délai aux industriels, mais permet, enfin, de graver dans le marbre la fin de ce système.

Je ne vais pas vous mentir : ce n’est pas une victoire pour l’écologie. Mais au Parlement européen, nous nous heurtons sans cesse aux gardiens du statu quo et aux fossoyeurs du climat, toujours plus nombreux que les défenseurs du climat et du vivant que nous sommes.

 

 

A l’arrivée, ce paquet climat ne mérite ni excès d’honneur ni indignité. Il est en-deçà de l’objectif des 1,5°C mais il évite le pire que lui avait promis l’alliance extrême-droite-PPE-Renew évoquée plus haut. Il permettra, une fois un accord trouvé avec les États membres, la création d’un Fonds social pour le climat, et d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’Union. Même largement en deçà des objectifs que nous savons nécessaires, cela pose les bases de mécanismes qui n’existaient pas jusqu’alors. Bref, grâce aux écologistes, ces outils vont exister sans avoir été complètement sabordé dès leur conception. Mais pour qu’il y ait une majorité qui autorise à les utiliser dans des délais et des proportions nécessaires, il faudra beaucoup, beaucoup plus de parlementaires écologistes dans les prochaines années. À suivre...

 

Précédent
Précédent

Intervention en commission des Budgets : où sont passés les milliards pour le climat et la biodiversité ?

Suivant
Suivant

Offre de stage - Assistance parlementaire Dossiers parlementaires : protection des consommateurs & publicité