Etat de l'Union européenne : David Cormand répond à Ursula von der Leyen

Ce mercredi 14 septembre 2022, la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a prononcé son habituel discours sur l’état de l’Union européenne, l’équivalent du discours de politique générale en France. Ce rendez-vous annuel est évidemment important, tant il donne le ton des mesures et des décisions qui seront débattues dans l’espace politique européen, et par conséquent dans les débats nationaux.

Je suis intervenu en séance plénière, en réponse à ses annonces.

J’ai d’abord souligné l’heureux hommage - bien que « pudique » - rendu par la Présidente aux « visionnaires », selon ses propres mots, qui ont alerté sur les conséquences dévastatrices des énergies fossiles pour l’économie, et pour la planète. Bien qu’elle ne nous ait pas cités, difficile de ne pas inclure les écologistes parmi ces visionnaires ! Mais avoir eu raison avant tout le monde ne suffit pas, et nous continuons de défendre notre vision pour un modèle économique et énergétique qui s’inscrive dans les limites planétaires.

Ensuite, alors que les mots souveraineté et indépendances sont sur toutes les bouches, il m’a semblé paradoxal qu’à aucun moment la question des ressources propres ne soit abordée. Elles sont pourtant décisives si l’on veut que l’Union européenne ait la force de frappe budgétaire nécessaire pour faire face aux crises que nous traversons. J’ai donc rappelé l’importance d’avancer sur la création des nouvelles taxes qui doivent abonder le budget européen, celles qui sont déjà en discussion, mais aussi et surtout celles qui restent à graver dans le marbre, à commencer par la taxe sur les transactions financières (TTF, qui pourrait rapporteur jusqu’à 50 milliards d’euros par an).

Évidemment, la question énergétique a occupé la majeure partie du discours de Madame von der Leyen. Sur ce sujet, elle a longuement évoqué le projet de faire de l’Union européenne le champion de l’hydrogène, en assurant 3 milliards d’euros d’investissements. Il me semble que c’est faire fausse route que d’investir massivement dans cette technologie. Bien que l’objectif affiché soit de développer l’hydrogène « vert » (issu d’énergies renouvelables), c’est bien dans les fossiles que cette stratégie nous enfermera (aujourd’hui, l’hydrogène provient à 99% d’énergies fossiles). L’Agence Internationale de l’Energie a évalué qu’il faudrait toute la production d’électricité (renouvelable et non renouvelable) de l’UE pour atteindre la quantité d’hydrogène actuelle produite au niveau mondial. Nous n’aurons jamais les capacités renouvelables pour y parvenir. De plus, voir dans l’hydrogène la « solution miracle » écarte la véritable urgence : la sobriété énergétique. Sans efficacité énergétique, sans rénovation massive des bâtiments, sans remise en question de nos usages, la transition restera lettre morte.

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