Noël noir à Madrid : plus de 1000 arbres rasés, un parc défiguré

Le 11 décembre 2023, des centaines d’arbres vieux de plus de 50 ans ont été coupés à Madrid, dans les parcs d’Arguanzuela et de Comillas. Pourquoi ? Pour permettre l’implantation d’une nouvelle station de la ligne 11 du métro madrilène alors que le tracé initial de cette infrastructure permettait d’éviter ce massacre écologique. David Cormand interpelle la Région de Madrid, responsable du projet, mais aussi la Banque européenne d’investissement qui, malgré de nombreuses alertes, a validé le financement du projet modifié.

Les écologistes le disent et le répètent depuis longtemps : dans la lutte contre le dérèglement climatique, l’angle mort majeur des politiques est celui de la préservation de la biodiversité. Opposer les deux revient à se tirer une balle dans le pied, et même dans certains cas, à annihiler l’intérêt climatique d’un projet.

Par ailleurs, nous devons envisager la bataille pour le climat sur deux fronts: la lutte contre le dérèglement climatique qui implique notamment l’aménagement de nouvelles infrastructures de transport collectif; mais aussi l’adaptation au réchauffement qui place par la préservation des espaces verts et des arbres, notamment en milieu urbain.

Opposer ces enjeux en faisant payer à la nature la transition écologique est grave erreur.

C’est pourtant ce qu’il se passe dans la capitale espagnole, où les autorités régionales (PP, droite conservatrice) font le choix de priver les habitant·es d’un outil capital pour se protéger des canicules : les arbres. Le tout, au nom d’un projet pourtant nécessaire et bénéfique pour le climat, l’extension d’une ligne de métro qui bénéficiera aux communautés des quartiers concernés.

Alors, quel est le fond du problème ? Les autorités madrilènes ont délibérément choisi de faire passer le tracé de cette ligne en plein milieu d’un parc qui abritait des centaines d’arbres, alors qu’une alternative, initialement prévue dans le projet, permettait d’éviter la destruction de 1027 de ces arbres.

Ce choix est une faute lourde contre la nature et contre la qualité de vie des habitant·es. C’est même une folie si l’on considère les épisodes caniculaires que subissent les madrilènes tous les ans, et plus seulement en été. Ces arbres sont des climatiseurs naturels, des îlots de fraîcheur indispensables dans nos zones urbaines bétonnées.

Que la majorité de droite à Madrid n'ait pas réalisé son erreur n'est pas si surprenant... Mais comment la Banque européenne d’investissement a-t-elle pu accorder un financement à un tel projet malgré la modification du tracé initial de cette prolongation de ligne ? C’est incompréhensible si l’on considère que la Banque a adopté en 2022 de nouveaux standards environnementaux plus ambitieux, passant d’une politique de « aucune perte nette de biodiversité » à « aucune perte ». La lutte contre la perte de biodiversité, contre la dégradation des écosystèmes, pour la santé et le bien être des êtres humains sont pourtant au coeur du « Cadre en matière d’environnement1».

Alors que les travaux et les coupes viennent de commencer, j’appelle la BEI à réagir promptement.

Il est encore temps d’empêcher la coupe des arbres du Parc Jimena Quirós, à Atocha, dans une zone classée à l’UNESCO. Et, surtout, j’attends de la banque qu’elle prenne les mesures nécessaires pour suspendre le versement des fonds, ainsi que pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise à l’avenir.

L’argent public européen ne peut servir à financer la destruction de la biodiversité, un commun naturel qui doit être préservé à tout prix. Il en va de la cohérence et de l’efficacité de nos politiques climatiques.


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Crédits photo : Rosa M. Tristán (Twitter/X)

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