Plan d’action pour un “continent de l’IA” : l’Europe sacrifie ses engagements écologiques et démocratiques sur l’autel de la compétitivité
Bruxelles, 10/04/2025
Le député européen écologiste David Cormand alerte sur les dérives du Plan d’action pour un continent de l’IA présenté mercredi 9 avril par la Commission européenne. Sous couvert d’innovation et de souveraineté numérique, ce plan ouvre la voie à une fuite en avant industrielle, sans garde-fous écologiques, sans contrôle démocratique, et sans vision sociale.
« La Commission déroule le tapis rouge aux géants de la tech, tout en bâillonnant les impératifs climatiques et démocratiques. L’Europe ne peut pas reproduire le modèle énergivore de la Silicon Valley. La transition numérique et verte ne peut être un slogan creux – elle doit être guidée par la sobriété, la justice et la démocratie.
« Ce plan est un renoncement politique. À l’heure où l’urgence climatique exige des choix courageux, l’Europe prend le pire des virages — celui qui sacrifie l’intérêt général à la rente technologique. L’UE ne peut prétendre mener une transition verte tout en alimentant une bombe climatique. » David Cormand
Une stratégie IA construite sans limites ni boussole écologique
Le plan entend tripler la capacité des centres de données européens d’ici 2030 et favoriser l’émergence de « Gigafactories IA », dans le cadre de partenariats public-privé. Pourtant, aucun cadre environnemental contraignant n’est prévu pour encadrer ces infrastructures massives :
Explosion de la consommation énergétique : d’ici 2030, les data centers optimisés pour l’IA pourraient consommer autant d’électricité que l’ensemble du Japon.
Dépendance accrue aux énergies fossiles : en dépit des promesses de neutralité carbone, de nombreux projets prévoient une alimentation au gaz.
Pression sur les ressources hydriques : certains centres consomment jusqu’à 10 millions de litres d’eau par jour, sans étude d’impact ni plan de compensation.
Opacité, absence de critères, absence de débat démocratique
C’est le triptyque de cette stratégie IA, qui ignore les conséquences sociales et territoriales :
Aucune transparence : pas d’étude d’impact indépendante, ni d’analyse sur l’artificialisation des sols ou les conflits d’usage.
Greenwashing institutionnel : le label “durable” est décerné sans critères précis (énergies renouvelables, circularité, efficacité énergétique), ouvrant la voie à des passe-droits industriels.
Absence de réflexion démocratique sur les usages de l’IA : ce plan d’action ne doit pas être un cheval de Troie pour des reculades sur les avancées de l’AI Act.