Notre santé et notre avenir ont
Duplomb dans l'aile
Feu à volonté sur la nature et sur nos vies.
C’est la conséquence de la Loi dites « Duplomb » en passe d’être adoptée dans des conditions qui font honte à toutes celles et ceux attaché•es à notre Démocratie. J’y reviendrai.
Cette Loi délivre un véritable permis de tuer au lobby de l’agrochimie.
Ce multirécidiviste est non seulement innocenté par celle Loi, mais il est en plus encouragé à persister dans ses méfaits. La Loi Duplomb est ni plus ni moins qu’un pouce aux crimes. Et celles et ceux qui la soutiennent sont les complices de ces crimes.
Pourtant, ce ne sont pas les preuves qui manquent. Les pièces à conviction s’accumulent pour démontrer la dangerosité des produits dont la Loi Duplomb veut encourager l’usage.
Le 12 juin dernier, une nouvelle étude - d’une ampleur inédite - confirmait le lien entre l’exposition au glyphosate et les risques de cancers, y compris à des seuils inférieur aux limites autorisées dans l’Union européenne.
Le 2 juin, les Unions régionales de professionnels de santé - médecins libéraux (URPS - Médecins libéraux) ont tiré la sonnette d’alarme sur l'exposition des enfants au cadmium, un métal lourd cancérigène omniprésent dans notre alimentation quotidienne.
Dès 2012, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) classait le cadmium comme « cancérogène de groupe 1 », aussi appelé « cancérogène avéré ou certain ». Le cadmium serait « à l'origine de l'explosion des cancers du pancréas » et responsable de maladies osseuses. C'est d'autant plus inquiétant que selon l’Anses, 36 % des enfants de moins de trois ans consomment quotidiennement des quantités de cadmium supérieures à la dose tolérable et 14% pour les 3 – 17 ans :
👉https://www.anses.fr/fr/content/cadmium-reduire-exposition
La contamination au cadmium est liée à l’usage massif d’engrais phosphatés particulièrement utilisés en France dans l'agriculture productiviste. Le cadmium s’accumule dans les sols, migre dans les végétaux via les racines, contaminant ainsi toute la chaîne alimentaire.
Le schéma ci-après résume les circuits de contamination au cadmium :
On trouve du cadmium dans les aliments de base : pain, pâtes, céréales, pommes de terre, légumes racines, mais aussi le chocolat, les crustacés et certains abats. Dès 2019 l'Europe et l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) préconisaient de fixer comme valeur limite le seuil de 20 mg/kg d’anhydride phosphorique (P2O5), composant majoritaire des engrais minéraux phosphatés contenant du cadmium. Mais ces préconisations n'ont jamais été traduites dans le droit français dont la valeur limite est toujours de 60 mg/kg (P2O5). Résultat, les études indiquent que les concentrations observées dans nos organismes sont quatre fois plus élevés qu’en Allemagne et quinze fois plus qu’au Danemark.
Si l’État français se montre totalement irresponsable, les Régions, cogestionnaires de la politique agricole, ne sont malheureusement pas plus soucieuses de notre santé, en particulier la Région Normandie.
Je voudrais illustrer mon propos en prenant pour exemple le 7e programme d'action régional nitrate de la Région Normandie. Depuis 1991, une directive européenne a été adoptée afin de réduire la pollution des eaux par les nitrates d’origine agricole afin d'améliorer la qualité des eaux de surface et eaux souterraines.
La Directive Nitrates a été transposée en France par la désignation de « zones vulnérables » à la pollution et l'adoption de programmes d’actions obligatoires, le PAN à l’échelle nationale et le PAR à l'échelon régional.
Regardons maintenant, à l'appui de quelques schémas, l'état des lieux régional présenté dans le diagnostic du 7e PAR, qui vaut bilan des 6 précédents plans d'actions.
Tout d'abord la fameuse carte des zones vulnérables qui couvrent quasiment toute la Normandie avec en jaune les nouvelles zones impactées par l'agriculture productiviste. Un commentaire, plusieurs parcs naturels, sensés être protégés, sont en zone vulnérable.
Maintenant regardons un peu la situation concernant les deux principales familles de polluants.
Tout d'abord les pesticides.
Les zones en vert clair sont dites « en conformité ». J'attire votre attention sur le fait que ça ne veut en aucun cas dire qu'elles sont dépourvues de pollution mais que la pollution est inférieure au valeur limite décidée par l'État français. Comme on a pu le voir précédemment avec le Cadmium, le Gouvernement retient parfois des valeurs limites supérieures à celles recommandées par l'Europe ou les autorités de santé.
Mais au-delà de ce débat sur les valeurs limites on peut noter que des secteurs importants de la Normandie sont en non-conformité de façon ponctuelle ou récurrente (vert foncé).
Regardons maintenant la situation sur les nitrates.
Selon le même raisonnement que pour les pesticides il faut se méfier du symbolisme du vert clair qui laisse à penser que tout va bien sur les deux tiers de la Normandie. Mais quoiqu'il en soit vous pourrez noter que les départements de la Seine Maritime et de l’Eure payent un lourd tribut à l'agriculture productiviste avec de larges pans de leurs territoires en jaune voire orange.
Je vous ai livré mon analyse « subjective » de la situation, maintenant la parole aux expert·es de l'Autorité Environnementale (AE) qui ont été amené•es à se prononcer sur le 7e PAR.
Tout d'abord un mot sur l'AE.
Elle est constituée d'expert•es indépendant•es qui doivent attester de la bonne prise en compte des enjeux environnementaux par les porteurs de projets ou par les plans / programmes des autorités décisionnelles.
Le 12 septembre 2024 l'AE a rendu son avis sur le programme d'actions régional nitrate de la Région Normandie (7e génération). Elle estime que le PAR « ne donne pas les moyens d’atteindre l’objectif premier de la directive « nitrates ». Il est peu probable que ce 7e PAR Normandie permette à la région de sortir de son classement intégral en zone vulnérable, symptôme d’une situation déjà dégradée. […] Plus fondamentalement, 30 ans après l’adoption de la directive « nitrates », l’Ae (r)appelle de ses vœux un programme d’actions sur les nitrates vraiment ambitieux et appliqué, et pleinement intégré dans une stratégie d’ensemble d’amélioration des performances environnementales de l’agriculture. »
👉https://www.igedd.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/8_-_2024-62_par_nitrates_normandie_v2-1_-_delibere_cle71eb43.pdf
L'avis de l'AE me semble sans ambiguïté mais je me permets de le reformuler avec mon interprétation : nous avons échoué depuis 30 ans à réguler les pollutions aux pesticides et nitrates et les « mesures » prises par les autorités publiques locales n'ont aucune chance d'améliorer la situation.
En dépit du fiasco des politiques publiques pour garantir un bon état biologique de nos ressources en eau et préserver notre santé, cela est encore trop pour certains. Je pense aux lobbys de l'agriculture productivistes et leurs marionnettes de Droite et d’extrême-droite à l'Assemblée nationale et au Sénat français qui se sont engagés dans une action de dynamitage systématique du droit à l'environnement.
Dernier forfait en date, donc, ce projet de Loi « visant à libérer la production agricole des entraves normatives », la Loi Duplomb.
Approuvé en première instance au Sénat en janvier, elle n'a pas pu être examinée par l'Assemblée nationale du fait d'une manœuvre de coursives : une motion de rejet préalable. En principe, comme son nom l’indique, une « motion de rejet » sert à rejeter un texte… Mais là, il s’agissait de priver l’Assemblée nationale de sa capacité d’amender la proposition Duplomb issue du Sénat ! L’objectif est de renvoyer ce texte en « commission mixte paritaire », instance constituée de 7 député•es et sénateur•trices, qui se réuniront à huit clos le 30 juin prochain et qui auront tout pouvoir de « se mettre d’accord » à l’abri des regards et sans que les 7 représentant•es de l’Assemblée Nationale ne disposent d’un quelconque mandat démocratique puisque, comme expliqué plus haut, le texte n’a pas été discuté par les Député•es. Cette instance étant constituée en majorité de parlementaires de droite et d’extrême-Droite, je n'ai malheureusement aucun doute sur le fait qu'ils feront passer la version la plus anti-écolo possible de la Loi, au détriment de la santé publique.
Ces élu•es veulent notamment remettre en question le rôle de l'ANSES. Vous savez, cette instance scientifique indépendante qui a alerté sur le taux de surexposition de nos enfants au Cadmium…
Leur logique est simple : quand il y a un problème, il suffit de casser le thermomètre pour le faire disparaître (sic).
Ils veulent également réintroduire les néonicotinoïdes en dépit du fait que les populations d'insectes ont chuté de 80%, qu'un quart des oiseaux ont disparu et que 80% des français sont contre la réintroduction de cette famille de polluants.
Ils se réunissent donc à huit clos pour accomplir leur sale besogne.
La (longue) liste ne s'arrête pas là malheureusement, ils veulent aussi faciliter la généralisation des mégabassines même s'il a été démontré que cela constituait une fuite (sans jeu de mot) en avant qui n'apporterait aucune solution pérenne au manque d'eau et qui aggraverait même les problèmes de pollution en renforçant la concentration des polluants dans les eaux souterraines.
Et pour faire « bonne mesure » ils veulent enfin favoriser la destruction des zones humides, jusqu'à présent protégées par le droit européen et ce pour une bonne raison. Les zones humides sont pourtant de puissants puits de carbones et des réserves de biodiversité. Leur sacrifice accélérerait dont le réchauffement climatique et la disparition des espèces. Il aggraverait par ailleurs les problèmes de pollution et les risques d’inondation.
Mais rien ne semble atteindre les zélotes du productivisme et des lobbys de la chimie : ni la santé de nos enfants, ni la sauvegarde de la biodiversité et pas plus l'idée de préserver les conditions de la vie sur terre pour les générations futures.
Ils ne semblent n'avoir qu'une obsession, garantir le flot continue de juteux profits quitte à foncer droit dans le mur en appuyant sur la pédale de l’accélérateur.
Une mobilisation nationale est organisée un peu partout en France le 29 juin à l'appel d'ONG, de syndicats, d’associations environnementales et du Parti écologiste. Elle sera déterminante pour faire entendre la voix des citoyennes et citoyens face aux intérêts des lobbys et des élu•es de Droite et d’extrême-droites qui sont à leurs services.