Un budget européen pour l’avenir ? Ma réponse à Mme Boone

Dans une tribune pour Euractiv, la secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Laurence Boone, alerte de l’insuffisance du budget européen. Elle appelle avec ses homologues allemande et portugais à la création de nouvelles « ressources propres » au niveau de l’Union. Et si l’on prenait au mot Madame Boone ?

« Une Union européenne faite pour l'avenir a besoin d'un budget européen fait pour l'avenir », écrit Laurence Boone. Depuis longtemps, les écologistes militent et se battent pour que l’Union européenne dispose d’un budget à la hauteur des besoins alimenté par une fiscalité juste prélevée au niveau européen. Nous avons eu l’occasion, depuis 2019, de le rappeler à plusieurs reprises.

Mon combat pour le budget européen

En juin 2022, nous avons d’une part alerté sur un mauvais usage du budget, notamment pour ce qui concerne les dépenses dites « vertes ». En effet, les engagements pris pour le précédent budget pluri-annuel n’ont pas été respectés : selon la Cour des Comptes européenne, la Commission européenne surestime les dépenses de l’UE en faveur du climat (de 72 milliards d’euros, tout de même!). Avec mon collègue allemand Rasmus Andresen, j’ai même signé dans Le Monde une tribune à ce sujet (👉 à lire ici).

D’autre part, en novembre 2022, je répondais à un appel à moderniser le budget européen lancé par Roberta Metsola, présidente du Parlement européen. Dans Le Monde toujours, j’expliquais les problèmes auxquels doit faire face ce « nain budgétaire » qu’est l’Union européenne :

Le problème du budget européen est que son volume est insuffisant, que ses orientations et son exécution ne sont pas assez ambitieuses en matière écologique et sociale, et que l’UE n’est pas maîtresse des recettes qui alimentent ce budget.

Membre de la commission parlementaire des budgets depuis mon élection au Parlement européen en 2019, j’ai été frappé par l’inadéquation entre le budget européen et le poids économique de l’UE. L’Union européenne est un nain budgétaire.

De la cohérence des votes

A de nombreuses reprises, j’ai proposé de nouvelles « ressources propres », ces recettes fiscales européennes auxquelles fait référence Mme Boone. Je suis convaincu que nous pouvons renforcer le budget européen tout en le mettant au service de la justice fiscale. Pour cela, il faut viser celles et ceux qui aujourd’hui échappent à l’impôt. C’est-à-dire, les plus riches.

Lors du dernier vote au Parlement européen au sujet des ressources propres, en mai dernier, j’ai ainsi déposé neuf amendements : pour un ISF européen, pour une taxe sur les superprofits, pour une taxe sur les transactions financières, etc. En somme : pour faire, enfin, du budget européen un outil de justice fiscale.

Le jour du vote, une coalition du pire a bloqué tous ces amendements : la droite conservatrice et l’extrême-droite, bien sûr, mais aussi le groupe Renew, les alliés du gouvernement français.

Je l’expliquais dans cette vidéo tournée après le vote 👇

Mais ce vote n’était malheureusement pas une surprise, puisque les alliés du gouvernement avaient déjà fait affaire avec la droite et l’extrême-droite lors du vote en commission des Budgets.

Et maintenant ?

Comme Mme Boone, je pense que le futur de l’Union européenne passe par un budget adapté au futur. Mais ce budget doit être construit sur le principe de la fiscalité juste : il n’y aura pas de justice climatique et sociale, pas d’avenir pour l’Union européenne, sans justice fiscale.

Et pour cela, il nous faut sortir de l’ambiguïté : pour les États membres, c’est accepter les ressources propres comme antidote aux égoïsmes nationaux. Pour le Parlement européen, c’est assumer une position ambitieuse et claire, à l’initiative d’un buget européen juste et renforcé.

Et pour la Commission ? Avec mes collègues écologistes, nous avons demandé à sa présidente, Ursula von der Leyen, et au commissaire aux Budgets, Johannes Hahn, de taxer enfin les transactions financières. Le 13 septembre prochain, jour du discours sur l’Etat de l’Union européenne, fournira peut-être à Mme von der Leyen une occasion de nous répondre. Elle a toujours refusé de parler de taxe sur les transactions financières, c’est le moment de le faire.

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